Afin d’évaluer l’impact de la première vague de la crise COVID-19 sur les coopératives belges, Cera et le Centre pour l’Entrepreneuriat Coopératif (Kenniscentrum voor Coöperatief Ondernemen, KCO – KU Leuven) ont invité celles-ci à participer à leur enquête en ligne.
Malgré les nombreux appels à participation, les résultats de ce rapport sont basés sur un échantillon de seulement 26 coopératives.
Les résultats montrent des tendances, mais doivent donc être interprétés prudemment.
Les résultats de l’enquête en ligne montrent une grande diversité dans l’impact de la première vague de la crise COVID-19 sur les coopératives belges. Alors que 35% des coopératives interrogées n’ont pas connu de changement dans leur chiffre d’affaire, 38% ont ressenti un impact négatif et 27% une impact positif sur leur chiffre d’affaire. La moitié des coopératives interrogées ont indiqué que la crise avait eu une impact positif sur la demande de leurs services et produits, alors que 58% ont connu un impact négatif sur leur productivité. Il convient de noter que 3 coopératives de l’échantillon (11%) craignent pour leur survie.
Les coopératives ont pris deux types de mesures pour améliorer leur résilience pendant la crise. D’abord, elles ont adapté leur business model. Parmi les adaptations du business model les plus fréquentes figurent: (i) l’augmentation des efforts de vente pour attirer de nouveaux clients ; (ii) une restructuration ; et (iii) le lancement de nouveaux produits ou services. Ensuite, les entreprises coopératives ont entrepris des efforts pour renforcer leur base de membres et la participation de ceux-ci. En effet, 40% des coopératives indiquent que la participation de leurs membres s’est renforcée pendant la crise, par exemple en fournissant plus d’information aux membres, en augmentant les interactions et/ou en adaptant les services et avantages offerts aux membres. Nous retrouvons d’ailleurs l’effet de ces efforts supplémentaires dans la satisfaction des membres. Bien que la satisfaction des membres perçue est déjà élevée, 30% des coopératives interrogées s’attendent à une satisfaction accrue durant la crise.
La recherche internationale (Birchall & Ketilson, 2009) sur l’impact des crises sur les entreprises coopératives a montré que celles-ci sont plus résilientes que les entreprises conventionnelles. 58% des coopératives interrogées sont d'accord avec cette affirmation et indiquent que le modèle coopératif offre des avantages par rapport au modèle d’entreprise conventionnel dans cette crise. Néanmoins, bien que le principe de l'ACI de "coopération entre coopératives" puisse constituer un avantage important pendant cette période particulière, les résultats montrent qu'il n'y a qu'une coopération moyenne avec d'autres coopératives. Il est marquant que cette coopération n'ait pas été renforcée pendant la crise. Par exemple, 53 % ont indiqué qu'ils n'avaient reçu que peu ou pas de soutien d'autres coopératives du même secteur, et 76 % n'ont reçu que peu ou pas de soutien de coopératives extérieures à leur secteur.
En bref, les coopératives semblent faire preuve d'agilité en ce qui concerne leur modèle d'entreprise. Elles considèrent le modèle coopératif comme une valeur ajoutée en temps de crise et saisissent donc également l'occasion de renforcer les relations avec leurs membres. D'autre part, il semble qu'ils ne profitent pas de l'appartenance à un mouvement, ce qui peut également se refléter dans la participation limitée à cette recherche. Nous ne pouvons que les encourager à construire une identité coopérative collective plus forte au niveau régional et national afin d'initier la coopération entre les coopératives.