L’Europe, hôte des premières entreprises coopératives, est devenue une véritable fenêtre d’opportunités pour le mouvement coopératif qui peut y affirmer ses valeurs et ses principes afin de s’institutionnaliser d’abord au niveau national, puis envisager de se structurer au niveau européen. Mesurer et évaluer le poids de ce secteur permet de tisser les contours et le contenu des arguments formant la toile de fond d’un plaidoyer pour une « Europe coopérative », c’est-à-dire une Europe où la démocratie économique serait une réalité pour la majorité des travailleurs-consommateurs qui la compose.
Nous nous intéresserons spécifiquement dans cette note d’analyse aux coopératives de travail-associé (CTA). Les travailleurs sont dits « associés » car ils sont tous sociétaires de l’entreprise. En étant associés de la coopérative, ils décident ensemble des grandes orientations de leur entreprise et désignent leurs dirigeants. Les CTA emploient les personnes qui en sont membres comme salariés, et produisent elles-mêmes et collectivement les biens et services, à la différence des coopératives de consommation et de crédit.
Leur nombre est en croissance mais leur répartition par pays est encore très hétérogène. Leur proportion relative à celle des entreprises dites classiques et leur forme varient, que ce soit par les statuts, ou l’existence de législation les définissant. L’existence d’une association professionnelle pour les représenter au niveau européen, et l’accroissement quantitatif des adhésions à celles-ci, montrent que le mouvement coopératif n’a jamais été aussi bien organisé tout en restant encore marginal dans un grand nombre de pays, et peu connu du grand public.
Depuis l’utopie de ses balbutiements jusqu’au pragmatisme contemporain, le mouvement a toujours été profondément social, militant et contributif à l’ambition de l’émancipation des travailleurs vis-à-vis du capital. Nous identifierons les freins et les facteurs de réussite d’un essor plus solide et durable du mouvement coopératif. Ce sera l’occasion pour revenir sur le legs européen des CTA, instituant ses nombreuses caractéristiques et enjeux communs bien qu’ayant connu des développements hétérogènes, pour donner les pistes et les perspectives futures du fondement d’une Europe coopérative.
Source :
Note d'analyse, de Pauline Boivin sous la direction de Denis Stokkink - Economie sociale (mai 2016)